Il est bien plus « prestigieux » de collectionner les monnaies de 100 francs en or ou mieux encore les multiples louis de Louis XIII, la quatre, huit et la dix louis d’or avec les variantes. Il y a fort heureusement de nombreux domaines de collection passionnants, que le numismate peut faire évoluer avec le temps, sans pour autant devoir se ruiner.
Si l’on commence à collectionner étant jeune, le budget est en général assez réduit, mais on peut tout de même se faire très plaisir.
Je ne possède pas de statistiques quant aux différents domaines collectionnés. Par conséquent je ne sais pas le nombre d’amateurs correspondant. De toute façon, il est très difficile de connaitre ce chiffre car certaines valeurs ou séries sont « bon marché » et de ce fait elles n’apparaissent que très rarement dans des ventes aux enchères ou alors elles sont vendues en lots. C’est le cas par exemple des un franc Semeuse, chambre de commerce, Graziani, Morlon, les monnaies de un, deux et cinq centimes… Les catalogues de cotation sont dans ces cas une des seules possibilités quant à la cote d’une monnaie
Dans cet article, nous allons nous intéresser aux monnaies de un centime depuis l’AN6 de la Révolution jusqu’à la frappe de la monnaie de un centime Epi qui apparait en 1960.
Quand la monnaie de un centime AN6 est frappée, le salaire mensuel moyen est de l’ordre de 25/30 francs, mais lorsque celle de un centime Epi est frappée en 1960, le salaire moyen est de 6 000 francs. Aux premières séries de un centime correspondait un certain pouvoir d’achat qui a complètement disparu par la suite (actuellement plusieurs pays de l’Union Européenne ne frappent plus de monnaies de un et deux centimes d’euro car ces pièces reviennent plus cher à la fabrication que leur valeur réelle).
Il y a en tout sept séries de un centime que nous présentons dans le tableau suivant :
Bien que la frappe de la un centime Dupré révolutionnaire soit très importante, c’est une monnaie rare en qualité supérieure et il faudra donc être très patient pour trouver de beaux exemplaires.
Cette valeur n’est ni frappée sous le Premier Empire, ni sous les règnes de Louis XVIII, Charles X et Louis-Philippe. Il faut attendre pratiquement 50 ans pour que cette valeur soit à nouveau frappée sous la Deuxième République. Ce « nouveau » type reprend exactement le modèle de Dupré et seule l’année change.
À partir de la deuxième série, les exemplaires de haute qualité sont plus courants, mais ils ne sont pas non plus abondants. Personnellement, ma série préférée en termes d’esthétique est celle de Napoléon III à la tête laurée, vraiment très belle.
Un exemplaire de qualité supérieure conserve une grande partie de son rouge de frappe d’origine, ce qui est rarement le cas pour la toute première série.
Quant à la série Epi, les monnaies les plus « intéressantes » sont celles à rebord et bien sûr la 1991 en frappe courante qui est rare en très belle qualité, mais c’est une variété.
Comme je l’ai signalé auparavant, ces monnaies sont rarement présentes lors des enchères, et les catalogues de cotation sont dans ces cas une des seules sources de cotation. On peut toujours utiliser comme référence les informations relatives à la quantité de pièces gradées selon les différents états, MAIS le grading chez PCGS et NGC étant relativement cher par rapport à la cote de ces monnaies, il est possible que peu de pièces soient gradées et il peut y avoir des surprises dans le futur quant aux quantités de monnaies de qualité supérieure. On grade principalement les monnaies dont la cote est élevée, mais il y a très peu d’intérêt à grader une monnaie quand celle-ci est très courante (on parle toujours pour des monnaies de qualité).
Je vous présente dans le tableau suivant le nombre d’exemplaires gradés par NGC et PCGS pour la première série d’Augustin Dupré :
Avec plus de 100 millions de pièces frappées, il subsiste de nos jours un total de 41 pièces de qualité, c’est-à-dire pratiquement une seule monnaie sur deux millions et demi de monnaies frappées à l’époque, ce qui est vraiment très faible. L’AN8 est de loin l’année la plus rare et aucun exemplaire FDC n’est connu pour l’AN7 et l’AN8.
J’ai réalisé la même démarche pour la série de Napoléon III à la tête laurée et je vous présente les résultats dans les tableaux suivants :
Avec sept années et ateliers différents, on constate qu’il n’existe pas d’exemplaires FDC pour deux ateliers et un seul exemplaire pour un autre atelier. En regardant les chiffres de frappe correspondante, on remarque qu’ils ont les quantités les plus faibles, en particulier pour l’année 1870A. Pour la première année de frappe et l’atelier de Paris, il existe jusqu’à présent 51 exemplaires FDC, ce qui laisse penser que plusieurs rouleaux intacts ont été retrouvés.
Regardons maintenant les cotes correspondantes selon le Franc et le Gadoury :
À première vue, les cotes sont relativement semblables pour les qualités SPL et FDC. Par contre, elles ne tiennent réellement pas compte de la rareté réelle dans certains cas et en particulier pour l’état FDC. Bien que des cotes existent pour les années 1861BB et 1870A, aucun exemplaire FDC n’a été gradé jusqu’à présent et pour le seul exemplaire connu pour l’année 1861K, la cote est de 140€/150€, alors que pour la 1861A il existe 51 exemplaires FDC et la cote est à peine moins élevée ! Je pense que la cote pour la frappe de 1861K est sous-évaluée, cependant je ne rejette point la faute sur les catalogues de cotations, car avec plusieurs milliers de cote à établir avec de nombreuses absences de résultats de vente, il est impossible de donner des cotes exactes.
On est parfois assez surpris des résultats lorsque l’on fait ce type de comparaison et c’est pour cette raison que le chiffre de frappe, bien qu’intéressant, n’est pas suffisant pour pouvoir émettre un avis quant à la rareté relative d’une monnaie en fonction de sa qualité. Une monnaie peut être très courante, mais extrêmement difficile à trouver dans des états de conservation élevés et une source intéressante reste le nombre d’exemplaires gradés. Il faut remarquer cependant que les nombres de monnaies gradées sont également à analyser avec précaution, car une monnaie dont la cote est basse sera très peu gradée, ainsi qu’une monnaie que l’on trouve très couramment, ce qui peut fausser les résultats correspondants.
Il est fort probable qu’à cause de sa très petite taille la monnaie de un centime soit peu collectionnée, mais je constate que les cotes de ces pièces, ainsi que celles de deux centimes, sont bien moins élevées que celles de cinq et dix centimes, ce qui est peut-être un atout intéressant à considérer.
Yves BLOT